« Mon doux, t’as donc ben perdu du poids! »

- Lisiane Fleury

« Mon doux, t’as donc ben perdu du poids! »

Je me rends compte que c’est encore tellement facile & acquis de faire des commentaires sur le poids des gens de notre entourage. On dirait que ça fait tellement longtemps qu’on le fait que c’est juste accepté & toléré. Pourtant, on entend ce discours depuis quelques années qui tente de marteler dans la tête de tous que c’est du passé de commenter le corps d’autrui, puis de tenter d’être plus doux.ces avec les nôtres. Que ce soit une prise ou une perte de poids, que ce soit désiré ou non, que le commentaire se veuille bienveillant ou non, c’est encore beaucoup trop commun pour les gens de se permettre de commenter l’apparence des autres autour.

Je pense que personne ne se met la tête dans le sable, on a évolué dans une société qui a des standards de beauté bien définis dans un cadre où tout ce qui dépassait était durement pointé du doigt (saluuuut le début des années 2000 🙃). On a grandi avec nos mamans qui faisaient des programmes de diètes sans cesse, des célébrités grandement acclamées pour leur taille affinée & des mannequins aussi minces que possible classées comme étant beaucoup trop grosses dans America’s Next Top Model. C’est incroyable quand même quand on s’arrête un instant pour constater que ce sont réellement avec ces idéaux qu’on a poussé doucement. Avant même de se regarder consciemment dans un miroir, on avait ce discours qui nous était enfoncé dans la tête. Avant même d’avoir mes premières règles, je savais que je voulais avoir un « thigh gap » comme Britney ou Avril Lavigne & ça, ça fait beaucoup de peine à la Lisiane de maintenant 27 ans.

Personnellement, ça m’est arrivé pluuuusieurs fois de recevoir des commentaires par rapport à mon poids de la part d’amies, de collègues, de ma famille & de ma belle-famille. Autant lors d’une prise de poids que lors de ma dernière grosse perte de poids due à des petits soucis de santé. J’ai reçu tellement de compliments, mais aussi des « mon douuuux, t’as fondu toi! » « si tu continues comme ça, on va te perdre?!!? » « heyyyy, la blonde à max faudrait la nourrir un peu avant qu’à s’efface » . Chaque fois, c’est lancé dans une conversation à table ou encore pendant une réunion de famille. Ce sont des commentaires qui ne se veulent jamais malveillants, mais qui servent à quoi au final? C’est un peu ça la vraie question: ça sert à quoi?

L’affaire, c’est qu’on ne sait jamais ce qui se cache derrière une variation de poids. Pour certain.e.s ce sera effectivement la plus belle nouvelle de leur semaine, les livres de moins sur la balance sont une petite victoire. Croyez-moi, ces personnes aborderont leur changement de taille d’elles-mêmes. Pour d’autres, c’est signe de santé fragile, de détresse parfois. Dans des situations où la perte/prise de poids n’était pas désirée & calculée, c’est souvent un aspect qui est difficile à contrôler. De rappeler, de noter ces changements tout haut & de les souligner n’aide en rien. Personnellement, ça me fait sentir encore plus en manque de contrôle & ça me gêne de me retrouver au centre de l’attention pour quelque chose que je n’ai pas souhaité. À force d’entendre des gens autour de moi vivre des situations semblables, je pense pouvoir vous dire avec conviction que ces commentaires non sollicités rendent inconfortables & infantilisent aussi beaucoup.

Bref, je pense que vous aurez compris mon point & mon opinion à propos de tout ça. C’est un sujet dont on entend un peu plus parler & pour lequel plusieurs organisations s'affairent à tenter déconstruire des croyances & habitudes de sociétés. C’est le genre de chose qui pour le moment, ne sera jamais assez répétée alors je joins ma voix à la leur aujourd’hui. La prochaine fois que vous sentez un commentaire sur le poids de quiconque se glisser sur le bout de vos lèvres, pensez à le retenir un instant de plus & à vous questionner sur ce que ça apportera à la personne qui le reçoit. De commenter l’assiette de quelqu’un, de souligner une perte de poids, j’ai le goût de dire qu’à partir de maintenant, c’est non la gang.

Lisoune X