ÉLOGE À LA LENTEUR

- Nancie Ferron

ÉLOGE À LA LENTEUR

Vous me connaissez, rien ne va jamais assez vite dans ma vie. J’ai une dose de patience très limitée et je me sens vivante quand ma vie roule à toute vitesse.

Oups !

Je suis confinée dans ma maison depuis maintenant 8 jours. Il m’en reste 6. De mon bureau de fortune installé dans la salle à manger, je vois la Maison Lavande, fermée. Je ne vois pas l’entrepôt et la boutique en ligne alors que je sais que nous avons une équipe fabuleuse (de 2 personnes) qui y travaille. Je ne vois non plus Mel et Joanie qui assurent la permanence au bureau. Je ne vois plus toutes nos collègues des centres commerciaux puisque je suis en isolement et elles, chacune chez elle, nos boutiques étant fermées. Nos réunions se tiennent en Facetime, on règle des dossiers via les appels téléphoniques, les textos et les courriels, on “chat” sur le canal interne de la Maison Lavande… bref on opère mais c’est pas pareil !

Ma plus grande surprise c’est la redécouverte du temps. Comme ma vie va toujours très vite et que je carbure aux projets et à l’adrénaline, me retrouver, comme ça, du jour au lendemain, avec un agenda dégarni et l’interdiction de sortir, disons que c’est déstabilisant.

Et j’ai découvert le plaisir de prendre du temps, plaisir que j’avais complètement oublié. Plier sa brassée de lavage lentement, préparer à manger sans se presser, s’habiller le matin sans regarder sa montre, se coucher sans penser au cadran qui sonnera, faire son épicerie (en ligne) sans se bousculer, être créative pour pallier à tous les petits inconvénients de cette nouvelle vie (temporaire), penser à ce qui changera post crise Covid-19 et réfléchir à ma vie après cette guerre contre le coronavirus. Tout ça, lentement, en prenant le temps.

Loin de moi l’idée de vous dire que je nage en plein bonheur actuellement. Non. Je m’ennuie de ma famille et de mes amis. Je m’inquiète pour mes parents, mes beaux-parents. Je me pose plein de questions sur ce qui va arriver, combien de temps ça va durer. Et j’essaie de calmer tout ça en me ramenant dans le moment présent. Ok. Ici, maintenant, de quoi j’ai envie ? Qu’est-ce je peux faire pour me faire plaisir ? Comment, malgré les contraintes, mes actions peuvent-elles me procurer une certaine satisfaction ? 

Et je prends le temps de lire, de magasiner en ligne, de cuisiner, de rattraper des séries télé et de parler (vive Facetime). Comme tout est au ralenti, je n’ai pas le choix de suivre. C’est une question d’adaptabilité. C’est quand la dernière fois (avant le coronavirus) que vous avez passé la balayeuse sans vous demander ce que vous alliez faire ensuite ? Moi, je ne me rappelle pas. Pis là, je m’en fous parce qu’après l’aspirateur, je peux prendre le temps de m’asseoir et de réfléchir à la suite …. 

Je vous l’accorde, je ne pourrai pas vivre à ce rythme ben ben longtemps. Disons, que là, maintenant, présentement, j’essaie d’en tirer le maximum, d’aborder ce confinement avec positivisme… parce que je sais que tous ensemble, on est en train de faire ce qu’il faut pour que ça ne dure pas trop longtemps. Bravo !